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Je vais être très franc.

Je n'ai vu qu'une toute petite partie de la "prestation" de François HOLLANDE, hier, face aux journalistes et aux Français.

Mais, au fond, les 20 dernières minutes m'ont suffi pour me faire une opinion - d'autant plus qu'en fin d'émission, l'invité est généralement fatigué, usé, à bout de souffle...

1) Un Président qui préside

Eh bien, je vais vous dire...

J'ai trouvé HOLLANDE en très bonne forme, ferme, vigoureux, s'accrochant à sa politique parce qu'il estime faire son devoir et prendre les bonnes mesures...

En fait, c'est ce que je pense depuis longtemps.

Du moins depuis l'élection de HOLLANDE en mai 2012 - il y a deux ans et demi...

Ce président est beaucoup moins nul qu'on ne le dit!

Je n'exclus pas de meilleurs résultats économiques d'ici à 2017.
Mais ce sera probablement trop tard pour lui et pour une nouvelle candidature à la présidence.

Soyons honnêtes jusqu'au bout.

Plusieurs éléments ont littéralement "plombé" la première moitié du quinquennat de Hollande.

D'abord et avant tout, ce qu'on a appelé les "couacs".
Le Président qui dit une chose, des ministres qui n'en font qu'à leur tête et disent n'importe quoi (je pense très précisément à Arnaud MONTEBOURG), un chef de l'Etat qui revient pour corriger le tir...

Bref, cette impression que le Président ne maîtrisait pas ses troupes.

Cela a été très regrettable - car, en outre, je ne pense pas que François HOLLANDE soit véritablement un "mou".

Il l'a montré en politique étrangère, par ses décisions d'intervention en Afrique contre les islamistes du Mali, et, aujourd'hui, au Proche-Orient, contre l'Etat islamique en Irak.

Sur un plan plus prosaïque, celui de la courbe du chômage, de l'emploi, etc. , le Président de la République a malheureusement subi une situation qu'il est difficile de redresser du jour au lendemain.

Je pense surtout au très mauvais état dans lequel se trouve la formation, en France.

Alors que, dans certains secteurs (l'hôtellerie, par exemple), on ne parvient pas à pourvoir les postes vacants, il est impensable et inacceptable de ne pas disposer d'un système qui prenne en charge des jeunes gens non qualifiés à la sortie du collège, et permette leur formation sur le tas, dans les entreprises qui cherchent véritablement à recruter.

Une formation qui devrait être raisonnablement rémunérée, en attendant que le jeune en question soit embauché.

Au lieu de quoi on nous dit que l'argent considérable consacré à la formation part en quelque sorte en fumée... Dieu sait où!

2) Le peuple

Aujourd'hui, le climat est à flatter le peuple - quoi qu'il fasse et quoi qu'il dise.

Or, nous avons des situations absurdes.

Au lieu de demander à François HOLLANDE de démissionner ou de dissoudre l'Assemblée, on ferait mieux de s'interroger parfois dans le sens inverse: ne faudrait-il pas plutôt changer de peuple?!

Je n'ai jamais eu la religion du peuple - ce qu'on appelle aujourd'hui le "populisme".

Le peuple peut se tromper, comme tout le monde!

Et, lorsque je vois les hordes de supporters de football qui hurlent et sont violents avant même le début du match, je ne suis guère encouragé!

Alors que j'avais ce type de réflexion, j'ai été très satisfait de découvrir aujourd'hui même un article du journaliste et écrivain algérien Kamel DAOUD (qui vient de frôler le Prix Goncourt avec son livre "Meursault, contre-enquête", qui imagine, du point de vue algérien, une suite au célèbre roman d'Albert CAMUS, "L'étranger").

La chronique de Kamel DAOUD se trouve sur Facebook, sous le titre  "Oui, il faut changer le peuple".

L'auteur analyse essentiellement la situation en Algérie.

Il écrit:

"La dictature de la bienséance interdit que l'on dise que les Algériens sont responsables de leur sort, de leur saleté, de leur environnement dégradé, de leurs actes d'incivisme et d'intolérance...

Ce qu'il faut changer, c'est ce peuple, ces gens... Démontrer que créer de l'emploi est mieux que de multiplier les mosquées. Que travailler est un devoir. Que l'effort est une gloire....

Faire tomber un régime? Oui. Mais je préfère élever un peuple, si je le peux, vers ses idéaux...

Fatigué, donc, que l'on me parle de peuple. Moi, je ne vois que des Algériens. Enfants du régime et de ses géniteurs. D'ailleurs, un régime n'est que le produit dérivé d'un peuple. Quand un peuple est assis, son Président peut être roi, même en chaise roulante"  (1)

Kamel DAOUD fait preuve d'une belle lucidité.

Pour revenir en France, personnellement, à un niveau plus modeste, j'en ai assez de ceux qui, par ennui, et sans réflechir aux institutions ni, surtout, aux conséquences, réclament le départ de François HOLLANDE.

S'il y avait dissolution de l'Assemblée nationale, ces gens-là seraient même prêts à accepter une cohabitation avec Marine LE PEN/Premier ministre.

Comme ça, parce que ça pourrait être "rigolo"!

Sans imaginer une seconde le chaos que cela provoquerait dans le pays, à à peine plus de 2 ans d'une nouvelle élection présidentielle.

Je pense que la crise française, européenne, voire occidentale, est beaucoup plus morale qu'économique!

Georges COHEN

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(1)  Allusion directe à l'état de santé du Président algérien, Abdelaziz BOUTEFLIKA, qui est apparu en chaise roulante, lors de sa dernière réélection, en  avril 2014.                                    .

PHOTOS:  François HOLLANDE, hier, sur TF1, avec le journaliste Gilles BOULEAU.

Ci-dessous: Kamel DAOUD, journaliste et écrivain algérien