Brazil

Vous l'aurez remarqué: je regarde souvent la télévision - et notamment les débats ou émissions politiques (Des paroles et des actes, C'dans l'air, Ce soir ou jamais, entre autres).

Ce qui ressort de plus en plus de ce type d'émission, c'est que nous tournons en rond.

Lorsque je dis "nous", je me réfère aux grandes démocraties européennes et occidentales - France, Grande-Bretagne, Etats-Unis d'Amérique, pays scandinaves, etc.

Ce n'est pas seulement une question de "langue de bois" comme on le dit souvent.

C'est que, face à la crise du capitalisme et des démocraties, personne n'a vraiment de solution alternative.

1) La politique et l'économie

Je regardais, vendredi soir, "Ce soir ou jamais", animé par Frédéric TADDEI sur France2.

L'animateur avait invité deux grands philosophes, qui viennent de publier ensemble  "Que faire?" (d'où le titre de mon article), avec pour sous-titre "Dialogue sur le communisme, le capitalisme et l'avenir de la démocratie".

Je n'ai pas encore lu cet opuscule.

Mais, à l'oral, ces deux intellectuels ont bien montré qu'il y avait un malaise dans nos sociétés.

Cependant, au fond, même les grands penseurs sont incapables d'imaginer un autre modèle.

En vérité, chacun sait que, depuis deux siècles, le capitalisme a toujours rebondi.

Les jeunes générations ne s'aperçoivent pas qu'elles adhèrent totalement au système actuel: c'est la course au dernier "smartphone", ou le goût effréné des marques (Nike  et autres). 

Quant aux intellectuels, ce sont peut-être les plus mal à l'aise: d'un côté, ceux qui acceptent la société libérale telle qu'elle est (sans le dire ouvertement) et ceux qui, comme Alain BADIOU, militent encore pour le communisme et un système prétendument idéal.

A mon sens, ce combat de la gauche de la gauche est une illusion totale.

On en voit tous les jours des manifestations, en France, avec la critique perpétuelle des choix économiques de François HOLLANDE, Manuel VALLS et Emmanuel MACRON.

Dans "Le Journal du dimanche", Martine AUBRY revient à la charge: elle se pose désormais en leader des "frondeurs" socialistes.

Alors qu'en fait, elle ne pense certainement qu'à ses ambitions personnelles: l'élection présidentielle de 2017.

2) La société

Du côté "sociétal", comme on dit aujourd'hui, la confusion est peut-être encore plus grande.

La France nouvelle, "moderne", c'est celle du mariage entre personnes de même sexe (dit "Mariage gay"), celle de toutes les libertés et de toutes les tolérances...

En même temps, on ne s'aperçoit pas qu'une grande partie de la jeunesse actuelle (et notamment les jeunes des banlieues, issus de l'immigration maghrébine et noire africaine) impose de nouveau des comportements du passé: un machisme exacerbé et un certain mépris des femmes.

C'est ce qui explique que, dans les manifestations les plus conservatrices (style "La manif' pour tous"), on retrouve côte à côte des catholiques traditionnalistes et des personnes d'origine maghrébine, pour lesquelles il n'y a jamais eu photo: la famille, c'est un père et une mère, loin des fantaisies du mariage gay. 

On a, en gros, la position d'Eric ZEMMOUR et de ses adeptes,  et, en face, tous ceux qui applaudissent à une France colorée, métissée, multiculturelle...

En fait, j'estime que Zemmour se défend assez mal sur les plateaux de télévision: lorsqu'i parle des "Noirs et des Arabes" qui vont remplacer l'homme blanc, il apparaît comme un raciste total.

Alors qu'en réalité, il a raison, objectivement.

La démographie française - avec déjà 6 millions de musulmans - est en train de changer notre société, qu'on le veuille ou non.

La question est de savoir si l'on doit pleurer tous les jours sur cette situation, ou si l'on doit "faire avec" et réglementer au mieux.

J'ai plutôt la seconde position - pas forcément de gaieté de coeur, parce que la culture proprement européenne (qui a produit des chefs d'oeuvre en peinture, en musique, en architecture) s'estompe peu à peu. 

En tout cas, elle n'est plus défendue comme elle devrait l'être. 

CONCLUSION

Oui, nous ressentons tous un malaise - à des degrés divers, selon l'âge que l'on a, et ses propres origines.

Mais, sur ce plan identitaire et culturel, il ne sert à rien de "pleurnicher", comme je le disais plus haut.

C'est, de toutes façons, trop tard, car cette situation a commencé dès la fin des années 1970, notamment avec la politique de regroupement familial.

Ce qu'il faut défendre haut et fort, c'est la laïcité.

Car, quoi qu'on dise, la laïcité, c'est la liberté de tous - y compris et surtout sur le plan religieux.

Une des particularités françaises est la crainte de voir Marine LE PEN et le Front National arriver au pouvoir.

Tout le monde - y compris les intellectuels - serait assez curieux de voir cet événement se produire réellement.

Je ne suis pas devin.

Je ne sais pas exactement ce qui se passerait avec Mme LE PEN Présidente.

La version totalement noire serait une forme de guerre civile en France.

La version plus "rose" et plus optimiste serait de voir le Front national contraint de changer de nature, de faire des compromis et des alliances - avec l'UMP ou, en tout cas, la "droite classique".

J'ai souvent plaidé ici pour une "Sixième République".

A mon avis, ce qui pourrait arriver de mieux en France, c'est l'abandon du Président comme leader unique du pays, et le retour à un régime parlementaire fort, avec une forme de coalition (style centre droit/centre gauche).

C'est, actuellement, le choix de l'Allemagne - que l'on prend toujours comme modèle....

Georges COHEN

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PHOTO = Les philosophes Alain BADIOU (à gauche) et Marcel GAUCHET étaient les invités du dernier No de Ce soir ou jamais, sur France2 (vendredi 17 octobre 2014).