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En marge de la polémique déclenchée par Dieudonné et son "spectacle" "Le mur", je voudrais vous soumettre quelques réflexions, car il est toujours bon de tenter de préciser les choses.

1) Le hasard

Je voudrais avant tout vous rappeler la magnifique chanson de Maxime LE FORESTIER: "Né quelque part".

Lorsque je l'ai entendue pour la première fois, j'ai été bouleversé par la justesse des mots (remettez-y la musique, elle aussi très belle, en les lisant):

"On choisit pas ses parents

On choisit pas sa famille

On choisit pas non plus les trottoirs de Manille,

de Paris, ou d'Alger

pour apprendre à marcher...

Etre né quelque part,

pour celui qui est né,

c'est toujours un hasard..."

Tout cela pour dire qu'il est quelque peu absurde de s'accrocher à son "identité" - même si cela peut être rassurant à certains moments de votre vie...

Nous nous ressemblons tous, et lorsqu'on a 4 ou 5 ans, on ne sait même pas ce que cela veut dire d'être arabe, juif, français ou martien!

C'est beaucoup plus tard que votre identité peut ressurgir.

Vous être jetée à la gueule comme un reproche...

2) Les Juifs: deux origines, deux histoires

Je vais vous parler des Juifs - puisque j'en suis un, un peu par hasard, comme dit LE FORESTIER!

Juif d'Algérie par mon père et d'Espagne par ma mère... 

(et Français à part entière, par l'éducation et la culture, au lycée puis à l'université)

Il y a une assez grande différence entre ceux que l'on appelle les Juifs "ashkénazes" (c'est-à-dire de Russie, de Pologne, d'Europe centrale et orientale) et les Juifs "sépharades" (Juifs d'Afrique du Nord, de Turquie, du Bassin méditerranéen en général). 

Les ashkénazes sont ceux qui ont pris la 2ème Guerre mondiale et le Nazisme de plein fouet. Ceux qui ont subi la déportation et la mort atroce en camp de concentration.

Ceux qui ont perdu leurs parents et leurs grands-parents.

Le cinéaste Roman POLANSKI, par exemple, est un Juif Polonais, qui a connu le ghetto de Cracovie dans son enfance et l'a raconté dans un admirable film, "Le pianiste"  (Palme d'Or à Cannes en 2002).

Y compris dans la France occupée par les Nazis de 1940 à 1944, les juifs avaient peur si l'on venait frapper à leur porte. Peur que ce soit la Gestapo ou la police de Vichy qui vienne les chercher et les conduire jusqu'aux trains de la mort... (1)

Voilà pourquoi on a tant parlé de l'holocauste, de la "Shoah". Ce fut une entreprise d'extermination industrielle, par des moyens jamais utilisés (chambres à gaz, fours crématoires...). Ce que les Nazis avaient appelé la "solution finale".

Les Juifs sépharades n'ont pas vraiment vécu cette tragédie. Protégés, en quelque sorte, par cette Méditerranée qui nous est si chère...

Seules les lois du Maréchal Pétain et du régime de Vichy allaient également frapper les Juifs d'Afrique du Nord, puisqu'elles leur enlevaient l'honneur d'être français (le régime de Pétain a abrogé le Décret Crémieux qui, en 1870, avait fait des juifs algériens des Français à part entière).

Les fonctionnaires juifs ont perdu leur emploi pendant quelque temps.

Ma mère en était. Employée des Postes et Télécommunications, elle fut, comme d'autres, exclue de la Fonction publique.
C'est tout de même une sacrée humiliation!

Les années ont passé.

Et il y a eu d'autres tragédies.

La guerre des Balkans, vers 1994-95, avec d'horribles affrontements entre Serbes, Bosniaques et Croates..

Et surtout le génocide rwandais, à peu près à la même époque. L'ethnie Hutu se livrait au massacre des Tutsis, et le monde ne faisait pas grand-chose...

Si bien que, à un certain moment, une autre guerre - celle des mémoires - a éclaté. "Pourquoi ne parle-t-on jamais des morts dus à la traite des Noirs et à l'esclavage?" , commençait-on à entendre ici et là...

3) La France, les Juifs, les banlieues

En France, depuis les années 1980, avec l'extraordinaire explosion démographique des jeunes issus de l'immigration (notamment maghrébine et africaine), une communauté musulmane prend forme. Forte de quelque 6 millions de personnes aujourd'hui.

Certains jeunes de banlieue, assez désemparés, mais très en colère contre une France qui ne sait pas toujours les intégrer, se révoltent. 

Sur fond de conflit israélo-palestinien, certains s'en prennent aux Juifs...

C'est un peu l'origine de cette "affaire Dieudonné" qui a fait tant de bruit ces jours derniers.

CONCLUSION

Et si chacun mettait un peu du sien pour arriver à une situation moins dramatique?

Même aux Etats-Unis - où le problème noir a été beaucoup plus grave -, on y parvient... et l'on a un OBAMA président!

Ce n'est certainement pas la fin de l'histoire.

La fin des communautés et des affrontements.

Mais mettons-y un peu de bonne volonté.

Mettons un peu en veilleuse l'ego identitaire, et surtout les religions - pas toujours très bonnes conseillères!

Si la France retrouve à 100% sa puissance économique, ce sera quasiment gagné.

N'est-ce pas, M. HOLLANDE?

Continuons le combat... Pour ne plus nous affronter!

Georges COHEN

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(1) Si vous avez assez d'"estomac" pour soutenir la vision des images, voyez le documentaire "Nuit et brouillard", d'Alain RESNAIS.

Ce sont essentiellement des "Ashkénazes"  - ou, du moins, les survivants - qui sont allés fonder l'Etat d'Israël. Comme un espoir... aujourd'hui terni par la guerre, malheureusement.