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On ne l'a appris qu'hier soir (14 juin), via le site Internet du quotidien Le Parisien:  le dimanche 2 juin, au Stade des Lilas, à Ivry-sur-Seine, de graves violences ont eu lieu.

Le match de football opposait deux équipes amateurs: l'equipe locale (l'US Ivry) et celle de Val-de-Fontenay.

A la 63e minute, le terrain est envahi par une cinquantaine de jeunes, qui vont s'affronter au moyen de battes de base-ball, de bombes lacrymogènes, de couteaux et de barres de fer. 

Le match est immédiatement interrompu.

On compte plusieurs blessés.

COMMENTAIRE

1) Le football n'est pas en soi un sport violent.

Sur le plan physique, il y a beaucoup plus de violence dans un sport comme le rugby.

Mais, dans le rugby, cette violence est parfaitement maîtrisée par les joueurs - des gaillards dont le gabarit pourrait pourtant les porter à s'entretuer!

Il y a très peu d'actes violents autour du rugby.

2) En  revanche, depuis une vingtaine d'années - en particulier depuis 1998, l'année où la France a remporté la Coupe du monde -, le football est devenu un phénomène très antipathique.

C'est un sport qui favorise la bêtise et la violence.

Le football a d'abord été le lieu suprême du chauvinisme et du nationalisme à outrance - tout le contraire de l'esprit du sport.

Puis sont arrivés les supporters imbéciles, les hooligans et certains joueurs arrogants.

Le climat de violence s'est ainsi installé depuis une vingtaine d'années.  

Le philosophe anglais George STEINER écrivait:  "Nous avons une religion, maintenant, sur la terre, c'est le football... Une nouvelle religion planétaire qui draine des milliards de téléspectateurs et des milliards d'euros ou de dollars. Et dont le "Mondial" constitue, tous les quatre ans, la grand-messe".

Un autre écrivain britannique, George ORWELL (l'auteur de "1984") affirmait: "Le sport, c'est la guerre sans les coups de feu". 
De toute évidence, c'est au football que cela s'applique le mieux. 

3) Il faut bien avouer, malheureusement, que l'agressivité qui caractérise désormais le football est liée à l'atmosphère règnant dans les banlieues et la périphérie des grandes villes.

Pourtant, pour les jeunes des cités, le sport est d'abord perçu comme un moyen de sortir de sa condition modeste et d'intégrer le reste de la société. 

Mais aujourd'hui - écrivent Paul CARY et Jean-Louis BERGEZ dans un article sur la sociologie du football -, "le football ne canalise plus l'affrontement, il devient affrontement en lui-même... C'est l'émergence de situations où la logique de la vengeance prend le pas sur le respect des règles". 

CONCLUSION

Peut-on encore s'étonner de violences telles que celles d'Ivry-sur-Seine?

Seuls quelques intellectuels ayant adopté la passion du football pour se rapprocher du "peuple" font mine d'être surpris.

Comme si chaque incident de ce type était unique et n'avait jamais eu lieu auparavant. 

Je l'ai souvent dit: la sacralisation du football, le fait de considérer les joueurs comme des héros ne vont pas dans le sens du sport.

Et si l'on apprenait aux jeunes à s'intéresser également à d'autres sports?

Georges COHEN