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Quelques faits

- A deux jours de l'élection, tout le monde semble avoir accepté le scénario établi par les instituts de sondage: François HOLLANDE et Nicolas SARKOZY au coude à coude au premier tour (avec quelque 28/29% des voix chacun), et SARKOZY largement battu au second tour (il n'obtiendrait que 45 à 46% des voix, et HOLLANDE serait donc élu à 54-55% des suffrages exprimés).

- Le seul homme qui ne semble pas croire totalement à la défaite de SARKOZY... c'est SARKOZY lui-même!

"Les Français, peuple libre, frondeur, nous réservent des surprises..."   a-t-il déclaré au micro d'Europe 1. Sous-entendu: la surprise en question ne peut que lui être favorable!

Or, il y a d'autres surprises possibles (voir les différents scénarios, plus bas).

- Plus que jamais, les observateurs de la campagne présidentielle - et surtout les sondeurs - ont tranquillement prévu le résultat à l'avance. Au point d'insister - plus lourdement, cette fois - sur le résultat du second tour, avant même de connaître les chiffres du premier tour, le dimanche 22 avril.

- Tout le monde a oublié un principe très simple: une élection à deux tours, c'est tout à fait limpide. Ce sont les deux premiers qui se qualifient pour le second tour!

Faut-il vraiment rappeler pareille évidence?

- En ce qui  concerne le Président sortant, personne n'a prévu (sauf lui, peut-être!) qu'il puisse, finalement, devancer HOLLANDE de plusieurs points au premier tour, et bénéficier d'une bonne partie des voix de Marine LE PEN et de François BAYROU.

Conclusion: il serait élu au second tour, comme en 2007 (mais avec un écart beaucoup moins important par rapport à son adversaire).

Mais Nicolas SARKOZY peut aussi se placer 3e au premier tour.... comme un certain JOSPIN en 2002.

Dès lors il pourra partir en vacances, reprendre son métier d'avocat ou se consacrer pleinement à sa petite Giulia!

Examinons de plus près les 4 ou 5 scénarios possibles.

Quelques scénarios

1) HOLLANDE et SARKOZY sont en tête au premier tour, comme prévu.

Peu de surprise et peu de suspense, donc.

A priori, François HOLLANDE aurait une courte chance de se faire élire.

Mais, comme nous le disions plus haut, tout va dépendre des chiffres du premier tour: si, finalement, SARKOZY est loin  devant le candidat socialiste (avec, par exemple 30 ou 31% des voix), c'est lui qui part gagnant...

2) HOLLANDE premier au 1er tour.

Mais son "challenger" n'est plus SARKOZY, mais Marine LE PEN!

Ou alors, par un hasard extraordinaire, François HOLLANDE n'est  que 3e au 1er tour, et c'est SARKOZY qui se retrouve face à la candidate du Front National.

On peut être quasiment certain que, dans l'un ou l'autre cas, que ce soit HOLLANDE ou SARKOZY, il battrait Mme LE PEN au second tour.

Rappelons-nous le "sursaut républicain" de 2002, et Jacques CHIRAC réélu avec un score de dictateur: 82%!

Cela dit, je pense que Marine LE PEN ferait mieux que son père au second tour (Jean-Marie LE PEN n'avait donc recueilli que 18% des suffrages face à CHIRAC).

3) François BAYROU se retrouve par miracle deuxième le 22 avril.

Dès lors, un second tour HOLLANDE/BAYROU ou SARKOZY/BAYROU serait certainement beaucoup plus serré, et l'issue très incertaine.

4) Il reste encore 2 ou 3 scénarios, peu probables, mais pas complètement impossibles: HOLLANDE contre MELENCHON au second tour!

Ce serait tout de même assez cocasse de voir les deux grands candidats de la gauche s'affronter ainsi!

HOLLANDE serait à peu près sûr de l'emporter. Mais MELENCHON se ferait d'ores et déjà une belle pub' pour 2017!

- Terminons en envisageant Marine LE PEN contre MELENCHON au second tour...

Là, je serais bien incapable de vous donner le résultat!

Et enfin, BAYROU contre Mme LE PEN (ou contre MELENCHON).

Dans les deux cas de figure, BAYROU aurait des chances de réaliser enfin son rêve: entrer à l'Elysée!

Quelques conclusions

1) En cas d'affrontement SARKOZY/HOLLANDE, je persiste à garder une petite préférence pour le Président sortant qui, quoi qu'on dise, s'est considérablement démené depuis 2007 et nous a évité la catastrophe - surtout au niveau européen.

Mais, excepté en ce qui concerne la réforme des retraites (qui était indispensable), on peut reprocher à M. SARKOZY d'avoir seulement colmaté les brèches et de ne pas avoir posé des jalons à long terme.

En un mot, entre 2007 et 2012, le TITANIC n'a pas sombré, mais nous restons prisonniers d'un navire (financier, notamment) pas complètement sorti d'affaire!

Cela dit, pour revenir à François HOLLANDE, je pense qu'il peut faire un Président tout à fait honorable.

Il m'a complètement convaincu au cours de sa campagne - car il a révélé une fermeté insoupçonnable!

Reste à savoir tout de même:

 (1) s'il risque de faire fuir les riches par son projet d'imposition de 75%,  et de faire peur aux marchés (avec des conséquences catastrophiques pour nos emprunts et notre endettement),

et (2) comment il s'en sortirait (notamment dans le domaine du nucléaire) face à ses "alliés" écologistes, voire "mélenchonnistes"!

2) Il me semble qu'avec cette élection présidentielle de 2012, nous sommes parvenus à l'extrême limite du système de la Cinquième République.

Il n'y a plus d'homme providentiel qui s'impose à tous - comme DE GAULLE, jadis.

Paradoxalement, il faudrait peut-être présidentialiser à fond le régime: un Président élu, certes, mais responsable devant le Parlement, avec possibilité de destitution en cas de faute grave.

C'est le régime présidentiel à 100%, à l'américaine. Un régime qui est finalement plus démocratique que le nôtre, car le chef de l'Etat y est soumis aux critiques directes des parlementaires (c'est le cas du Congrès, aux Etats-Unis, qui passe au crible chaque décision du Président).

- Ou alors - et ce serait là la véritable révolution institutionnelle: le Président n'est plus élu au suffrage universel. Il reste un simple arbitre (comme la Reine, au Royaume-Uni).

Et l'on reviendrait à un véritable système parlementaire, avec un Premier ministre élu, et qui gouvernerait à la tête d'une majorité de députés.

L'ennui, c'est que le régime parlementaire n'a jamais très bien réussi à la France (contrairement à la Grande-Bretagne), et que nous avons eu - surtout sous la Quatrième République - des partis qui se déchiraient, qui étaient incapables de se mettre d'accord sur une politique, et des gouvernements chassés par une motion de censure au bout de quelques mois!

Je crois que le régime présidentiel est entré dans les moeurs en France.

Il suffirait donc de le "radicaliser", et de remplacer le Premier ministre par un Vice-président.

Rendez-vous dimanche soir, 22 avril, pour les résultats du premier tour.

Georges COHEN

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PHOTO = Qui sera le (nouveau) locataire de l'Elysée le dimanche 6 mai 2012?