Brazil

- Lundi soir, 27 février, François HOLLANDE était l'invité de l'émission de TF1  "Paroles de candidats" - qui a lieu tous les lundis jusqu'au premier tour de l'élection présidentielle.

- Répondant aux questions de quelques membres du public, le candidat socialiste évoque les principales propositions de son programme - notamment le "contrat de génération", qui devrait permettre, dans une entreprise, de lier l'emploi des "seniors" à l'embauche de jeunes.

- Il annonce aussi - et c'est un "scoop" - qu'au-dessus d'un million de revenus par an, le taux d'imposition sera porté à 75%.

COMMENTAIRE

1) Ce type d'émission, style "Face aux Français", a un avantage et un inconvénient (qui sont les deux facettes d'un même élément): les citoyens-participants posent, pour la plupart, des questions très précises, qui relèvent souvent de leur vie quotidienne - ce fut le cas lorsqu'on aborda le problème de l'accompagnement des personnes âgées; donc, le responsable politique invité est forcé de ne pas rester dans des généralités.

Mais cela fait que, d'une question  à l'autre, on se disperse un peu, et il manque parfois une vision plus globale.

2) Fondamentalement, François HOLLANDE est apparu rassurant, calme, posé. Bref, un homme qui essaie de réfléchir et de répondre intelligemment.

A tel point qu'il apparaît aussi presque trop "normal" - pour reprendre le terme qu'il a lui-même employé pour qualifier sa présidence, s'il était élu.

On a quasiment envie de le bousculer un peu, de le faire sortir de ses gonds! Mais, pour être tout à fait honnête, il a su montrer aussi, ces derniers jours, lors de ses grands meetings (au Bourget et ailleurs), qu'il pouvait être virulent, ou, en tout cas, très ferme quant à ses convictions et la manière qu'il aurait de gérer la France.

3) Reste que l'on a aussi l'impression qu'il fait simplement une dissertation - quelque peu théorique - sur l'amélioration de la vie en France.

Il parle comme en dehors du système, avec des "il faut que...", "il faudrait que...", sans se demander ce qui serait possible concrètement, s'il accédait à l'Elysée.

Par exemple, à une personne qui évoquait le manque d'efficacité de "Pôle Emploi" pour recaser concrètement les chômeurs (chaque agent ayant la responsabilité d'environ 250 demandeurs d'emploi), François HOLLANDE répondait: "Oui, c'est vrai, il faudrait arriver plutôt à un ratio d'un agent pour 150 candidats à l'emploi, par exemple...".

C'est souvent le problème de tout candidat à une élection: il parle un peu dans le vide, de manière abstraite... tout en sachant quand même que les choses ne seront pas aussi simples une fois au pouvoir.

4) Indépendamment de la "couleur" du candidat à la présidence, il me semble aussi que l'on ressasse les mêmes problèmes depuis 30 ans - en gros, depuis la première élection de François MITTERRAND, en 1981. Le chômage autour de 9/10%, le "problème des banlieues", etc., etc.

Et si le problème, précisément, était que les hommes politiques voient tout d'en haut, en termes de structures et d'organisation, et considèrent toujours (en France, en tout cas) que c'est l'Etat qui est responsable de tout, qui doit assister tout le monde....

Et si l'on prenait le problème également par l'autre bout: la responsabilité individuelle, les familles qui font trop d'enfants, les hommes et les femmes (jeunes comme vieux) qui se contentent de se plaindre...

A propos des banlieues, je lisais, dans Libération du lundi 27 février, une information qui m'a beaucoup surpris, ou, tout au moins interpellé: dans les quartiers nord de Marseille - les secteurs les plus pauvres de la ville -, deux jeunes filles d'une vingtaine d'années disaient, au sujet des trafics de drogue, que des jeunes gens de 13 ou 14 ans qui font les "guetteurs" pour le compte des trafiquants touchaient 50 euros par jour, et finissaient par ne plus aller à l'école...

Ce n'était pas un quelconque "lepéniste" d'extrême-droite qui parlait, mais, bel et bien, des jeunes filles habitant une cité HLM et probablement camarades des "dealers" en question... Elles savaient de quoi elles parlaient!

En somme, ce serait bien qu'on responsabilise un peu plus les gens - les parents, par exemple... Peut-être plus facile à dire qu'à faire!

Conclusion

Pour revenir à François HOLLANDE, il a donné une assez bonne image pendant ces deux heures, sur TF1.

Il semble de plus en plus se hisser à la hauteur de la fonction présidentielle.

D'ailleurs, sur un ton presque gaullien, il a voulu encourager l'auditoire:"La France est encore une grande nation, capable d'avancer".

Georges COHEN

___________________________

PHOTO = Laurence FERRARI et François HOLLANDE, sur TF1.

Par ailleurs, dans le panel de journalistes qui participe également à l'émission, je tiens à mentionner Michel FIELD (de  la chaîne d'information LCI), qui pose d'excellentes questions. Cela nous change des journalistes qui exercent leur métier de manière mécanique, en se contentant d'aligner des clichés!