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Ces images de jeunes Algériens parlent d'elles-mêmes: des jeunes, à Alger, Oran ou Constantine, qui célèbrent la nouvelle: le Président Bouteflika renonce à un cinquième mandat.

De nombreux commentateurs  ont dénoncé une ruse du pouvoir en place: Bouteflika, âgé de 82 ans et gravement malade, tente de gagner du temps - en attendant une nouvelle élection présidentielle (le scrutin du 18 avril a été reporté) et afin de permettre à ses alliés (l'armée et le parti FLN, au pouvoir depuis l'indépendance du pays, en 1962) de lui trouver un successeur.

Le peuple algérien réclame un changement de régime, mais le pouvoir s'accroche, comme toujours...

Les enfants  qui ont 5 ans aujourd'hui en auront 20 vers 2030 - dans un pays où la population est très jeune (45% des habitants ont moins de 25 ans).

L'aspect démographique est, comme dans beaucoup de pays du Sud, une dimension très importante: la jeunesse est une richesse, mais les parents ne pensent pas toujours à l'avenir de ces jeunes gens...

Nombre d'entre eux continuent à rechercher un visa pour pouvoir vivre en Europe - et notamment en France. Mais ils pourraient décider de rester dans leur pays natal, avec un nouveau régime....

Dans le dernier numéro de L'Obs, consacré en partie à l'Algérie, un jeune homme met le doigt sur l'un des principaux problèmes de beaucoup de pays arabo-musulmans: ""L'Etat assume ses responsabilités et crée les bonnes conditions pour la démocratie.... Ensuite seulement, on pourra voter pour le projet de société qui nous plaît. Une fois qu'on aura obtenu une séparation entre la religion et la politique, entre le militaire et la politique. On ne demande pas grand-chose..."

Pas grand-chose! Ce jeune homme est  bien  naïf.

Très peu de pays arabes ont, à ce jour, gagné la bataille de la laïcité.

Autre dimension qui compte dans les pays du Sud: le côté affectif. Les jeunes jubilent dans la rue. Mais ils ne réfléchissent pas toujours à la  suite...

En 1962, d'autres jeunes célébraient l'indépendance. Et pourtant l'Algérie a raté le coche.

Un pays riche en ressources naturelles - gaz et pétrole -, mais qui n'a pas su en faire profiter la population.

Alors, l'Algérie de 2030 ou 2050?

Une nouvelle junte militaire au pouvoir - avec des hommes un peu plus jeunes, mais parfaits héritiers du système actuel?

Ou une vraie démocratie, qui ferait passer la religion au second plan et profiterait aux jeunes et aux femmes?

Il y a beaucoup de journalistes algériens intelligents qui militent dans le bon sens...

Mais aussi des hommes de la société civile, tel Rachid Nekkaz, avocat et homme d'affaires qui a parfaitement compris les enjeux actuels...

Ce ne pourrait être, pourtant, qu'un opportuniste...

Georges COHEN