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Ce jeudi soir (20 avril), vers 21 heures, un homme a attaqué un car de police sur les Champs-Elysées, à Paris.

Il a tué un policier et en a blessé deux autres, avant d'être lui-même abattu.

Ce nouvel attentat intervient à trois jours du premier tour de l'élection présidentielle.

COMMENTAIRE

1) Ce n'est plus une simple menace, c'est véritablement la guerre.

- Cela devait arriver: comme la Tour Eiffel, les Champs-Elysées sont le symbole de Paris, de la beauté de notre capitale.

Les touristes y affluent et y sont très nombreux tous les soirs.

L'attaque d'un djihadiste n'est donc pas un hasard.

Frapper là, à quelques jours de l'élection la plus importante pour la France, c'est aussi un symbole.

Un homme seul frappe la France dans l'un de ses lieux les plus prestigieux.

Et il le fait au nom de l'Etat islamique en Syrie et en Irak (dit "Daech"). Ce dernier a immédiatement revendiqué l'attentat.

- Il est de plus en plus clair que Daech et ses fanatiques veulent influer sur le scrutin présidentiel.

On a toujours dit que Daech verrait d'un bon oeil l'élection de Marine Le Pen.

Pour que la société française soit de plus en plus divisée et réagisse contre l'islam.

- Par conséquent, chacun doit bien réfléchir et ne pas changer d'un iota son projet de vote, ce dimanche.

Surtout ne pas basculer vers l'extrême droite si ce n'était pas votre choix au départ.

Malheureusement, on peut craindre que, dans un réflexe irrationnel, une partie des électeurs se droitise et change ses plans pour dimanche.

2) En même temps, ne pas sous-estimer l'adversaire terroriste

- Ce nouvel attentat, sur "la plus belle avenue du monde", en plein coeur de Paris, nous montre bien que nul n'est à l'abri.

Chacun peut être atteint par une balle à la terrasse d'un café, en sortant d'un restaurant ou d'un cinéma.

Chaque Français est en train de vivre ce que les Français d'Algérie ont vécu pendant huit ans de guerre, de l'autre côté de la Méditerranée: la peur permanente, cette sensation d'être sur le qui-vive quasiment 24 heures sur 24.

De 1954 à 1962, le FLN algérien a frappé aveuglément des civils - qui, d'ailleurs, pouvaient être de gauche et favorables à l'indépendance de l'Algérie.

Aujourd'hui, rien ne justifie ce terrorisme sur le sol français.

La France n'est nullement en guerre contre l'islam et les musulmans en général.

Le pays compte officiellement 6 millions de Français de confession musulmane - pour la plupart nés ici, et pacifiques.

L'action des alliés en Syrie ne justifie en rien ces crimes, à Paris, Londres ou New York.

Il ne s'agit plus d'une guerre d'indépendance ou de reconquête d'un territoire.

Les jeunes Français de confession musulmane doivent faire un examen de conscience: même s'il peut y avoir, parfois, des discriminations à un niveau individuel, la France en tant qu'Etat n'a rien à se reprocher vis-à-vis de ses citoyens, quelle que soit leur origine.

D'ailleurs, les discriminations sont condamnées par la loi et sanctionnées.

Un jeune homme ou une jeune fille qui s'engage dans le djihad fait un choix très clair: il choisit une cause étrangère et doit être combattu à ce titre.

3) Le contexte électoral

- Comme la plupart des gens, j'ai appris l'attentat des Champs-Elysées alors que se déroulait, sur France2, la dernière émission de la campagne présidentielle.

Chacun des 11 candidats a pu réexpliquer son programme, ses objectifs et ses motivations.

Mais, au moment de la conclusion, tous ont eu une pensée émue pour la famille du policier assassiné ce jeudi soir.

- A cet égard, même si c'est plus anecdotique, je dois corriger en partie mon opinion sur Jean-Luc Mélenchon.

Je disais, dans l'article précédent, qu'il avait l'air, parfois, d'un comédien jouant un rôle.

Je dois dire que M. Mélenchon a été, ce soir, très solennel dans sa condamnation du terrorisme.

- Enfin, j'aurai une pensée affectueuse pour le candidat Jean Lassalle.

Celui quon appelle "le berger des Pyrénées" a des accents très touchants.

Il appelait ce soir au retour d'une France universelle, forte et "joyeuse".

M. Lassalle parle avec ses mots.

Ce sont les mots d'un poète.

Les poètes n'ont jamais gagné les élections, mais on peut au moins rendre hommage à un homme qui a toujours vécu avec la nature, dans son Sud-Ouest natal.

Georges COHEN

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PHOTO = Les Champs-Elysées complètement bouclés après l'attentat, ce jeudi 20 avril, vers 21 heures.