Brazil

Ce samedi après-midi, j'ai consulté, comme souvent, le site lemonde.fr, sur mon portable.

Je dois dire que le quotidien Le Monde fait un admirable travail sur Internet: il donne énormément d'informations - ce qui est le travail normal de la presse -, mais propose aussi des articles approfondis sur tous les sujets du moment.

De la situation de François Hollande aux difficultés de l'accord économique entre l'UE et le Canada, en passant par toutes les péripéties des primaires françaises, ou encore l'effort de certains intellectuels africains pour hisser leur continent au niveau des pays les plus développés, tout est traité avec intelligence et précision.

Bravo aux journalistes qui effectuent ce travail au quotidien.

Mais si je vous en parle aujourd'hui, samedi 22 octobre 2016, c'est parce que j'ai été bouleversé par l'aquarelle d'un peintre colombien, qui vit sur la Côte d'Azur:  John MEJIA.

Cette aquarelle rend compte de l'attentat du 14 juillet, sur la Promenade des Anglais, à Nice.

Ce soir-là, avec sa famille, John MEJIA comptait se rendre sur la Promenade des Anglais pour admirer le feu d'artifice. Mais, fatigués par une longue balade dans l'après-midi, ils restent tous à Mougins, dans la résidence du peintre.

Dès qu'il apprend la nouvelle de l'attentat, John MEJIA réalise très rapidement cette magnifique aquarelle, qui rend hommage au drapeau et au peuple français - mais aussi, bien sûr, à tous les touristes étrangers venus se détendre ce soir-là et qui ont été fauchés par le camion fou d'un djihadiste.

Je ne vais pas citer son nom, parce que je ne l'ai pas retenu et que cet individu ne mérite même pas que l'on fasse une recherche pour donner son identité exacte.

La plupart des jeunes gens qui passent ainsi à l'acte ne sont même plus des "barbares".

Ce ne sont pas des êtres humains.

Par contraste, l'artiste colombien John MEJIA donne de la beauté, oui de la beauté, à un événement tragique.

Il en fait une image divine.

Comme s'il tendait un objet vers le ciel...

Il redonne de la dignité à toutes les victimes.

Il dépasse un Dieu absent et muet...

L'une des leçons de ce triste événement, c'est que l'on doit donner aux jeunes le goût de lire, d'écrire, de peindre, d'écouter de la musique, d'aller dans les musées pour rendre hommage à tous les artistes qui, au cours des siècles, ont eu la même démarche: rendre beau l'innommable.

Ce sont eux, les artistes, qui parlent au nom d'un Dieu hypothétique.

Georges COHEN

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Illustration = L'aquarelle de John MEJIA.

Elle est exposée jusqu'au 23 octobre au Carrousel du Louvre, à Paris - dans le cadre du Salon international d'art contemporain.

L'artiste souhaite qu'elle intègre la collection permanente du Musée d'art moderne et d'art contemporain de Nice (le Mamac).

Clément MARTEL, cité au-dessus de l'aquarelle que nous reproduisons ici, est journaliste au Monde.