Brazil

J'ai suivi avec un très grand intérêt ce premier débat de la primaire de la droite et du centre.

Un débat très digne, sans bassesses ou invectives des uns à l'égard des autres.

- D'abord, un tout petit point, très personnel mais tout de même significatif: j'ai suivi le débat sur mon ordinateur.

Ma vieille télé m'a lâché hier soir après 8 ou 9 ans de bons et loyaux services!

Devant l'écran de mon PC, moins bien installé que sur mon divan, j'ai rédécouvert la télévision. C'était comme si je m'étais déplacé à l'extérieur, pour un spectacle de théâtre ou autre.

Comme quoi il est bon de casser ses habitudes!

Cela vaut pour la politique également.

- D'ailleurs, ce débat avait lui-même quelque chose de nouveau: les 7 candidats de la droite étaient debout derrière leur pupitre. C'était un peu "Questions pour un champion"!

Cela a rendu les ténors de la droite un peu plus humbles - sans qu'ils s'en aperçoivent forcément.

C'est la première fois qu'on les voyait aussi polis vis-à-vis de leurs voisins, sans petite phrase assassine ou poignard dans le dos!

Tout au plus, quelques petites pointes acerbes - notamment de la part de Jean-François Copé.

Nicolas SARKOZY a tenu, d'ailleurs, à corriger la journaliste Elizabeth Martichoux (qui, avec Gilles Bouleau de TF1 et Alexis Brézet du Figaro Magazine, posait les questions): "les personnes présentes ici ne sont pas mes adversaires, mais mes concurrents!"

1)Les candidats

- Sort-il un vainqueur de cette joute oratoire et politique?

* Pas vraiment, car, à mon sens, il y a eu des surprises: le favori des sondages, Alain Juppé, ne m'est pas apparu comme le meilleur ou le plus combatif; il était même un peu crispé dans l'ensemble.

* L'oublié Jean-François Copé était très en forme et même assez convaincant - notamment dans son désir de faire passer des mesures importantes par ordonnance, dans les deux mois suivant l'élection présidentielle (comme le général De Gaulle, autrefois).

Comme quoi il est bon de faire, de temps en temps, une traversée du désert.

* L'ex-président de la République Nicolas SARKOZY n'a pas semblé, malgré cela, plus puissant et plus légitime que les autres.

Je l'ai trouvé assez raide, moins détendu que d'habitude. Sarkozy a un défaut quelque peu enfantin: vouloir toujours paraître le meilleur et le plus féroce.

De plus, son slogan: "Je veux être le porte-parole de la majorité silencieuse"'  n'est pas très heureux. L'expression "majorité silencieuse" avait autrefois une connotation péjorative. Pour certains, ces "silencieux" étaient des beaufs, voire des fachos.

A mon avis, Sarkozy devrait changer de formule.

* François FILLON, ex-Premier ministre, est apparu comme l'un des plus calmes et des plus responsables... On reconnaît l'adepte du sport automobile!

En revanche, question programme, il ne semble pas si différent de Sarkozy ou de Juppé.

* Le "jeune" Bruno LE MAIRE a été beaucoup moins souriant, voire plus antipathique que dans sa campagne récente auprès des Français. Il n'était pas du tout décontracté et avait du mal à faire passer ses propositions. Il n'est pas spécialement apparu comme le représentant du "renouveau" qu'il veut être.

* Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET est intéressante: elle veut elle aussi incarner la modernité et le changement. Sa volonté de favoriser les travailleurs indépendants est louable.

Mais, au total, avec son glamour très féminin, elle souffre d'une sorte de handicap culturel: on imagine toujours davantage un homme qu'une femme (surtout jeune) à la tête du pays.

C'est machiste, rétrograde ou tout ce qu'on voudra - mais ce type de cliché reste tenace.

* Enfin, le parfait inconnu qu'était Jean-Frédéric POISSON, chef du Parti chrétien-démocrate (fondé par Christine BOUTIN) s'est révélé comme un homme d'une certaine maturité, au courant des dossiers et assez ferme dans ses convictions.

Mais lui aussi part avec un grave handicap: on élit rarement un inconnu!

2) Le contenu

- Sur le fond, la première partie du débat - l'économie - était très technique, voire fastidieuse: les électeurs ne se passionnent jamais pour les questions de réduction de la dette publique ou du nombre de fonctionnaires...

En revanche, la seconde partie - sécurité, lutte contre le terrorisme, identité, laïcité - était beaucoup plus passionnante.

Elle touchait aux questions que se posent tous les Français depuis les événements tragiques de Charlie Hebdo, du Bataclan et l'attentat du 14 juillet à Nice.

Jean-Frédéric POISSON a eu le mérite de poser clairement le problème: la laïcité, qui protège toutes les religions, n'est problématique que par rapport à l'islam - la question ne se pose plus pour les catholiques, les protestants, les juifs, les bouddhistes.

Alain Juppé a eu également le mérite de rappeler la règle fondamentale: la loi religieuse doit toujours se soumettre aux lois de la République.

Vivement le deuxième débat (le 3 novembre) - qui portera, j'imagine, sur les questions internationales.

Georges COHEN

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PS = Un point capital: les 7 candidats ont déclaré qu'ils soutiendraient le vainqueur de cette primaire.

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PHOTO =  Nicolas SARKOZY, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, Bruno LE MAIRE, Jean-François COPE, Alain JUPPE, Jean-Frédéric POISSON, François FILLON.