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Depuis deux semaines - depuis l'arrestation de Dominique STRAUSS-KAHN pour agression sexuelle présumée -, le débat enfle de jour en jour sur les moeurs sexuelles des messieurs en général et des hommes politiques en particulier.

"Marre des machos" titrait aujourd'hui "Libération", avec des témoignages de plusieurs femmes engagées en politique: Roselyne BACHELOT (UMP), Cécile DUFLOT (Ecologie-Les Verts), Aurélie FILIPETTI (députée socialiste), Marielle DE SARNEZ (Modem), entre autres.

Hier soir, l'émission de France5, "C'dans l'air", était consacrée au problème du harcèlement sexuel "à la française"; une invitée faisait deux réflexions absolument hallucinantes: "Vous savez -disait-elle - lorsqu'un homme entre dans une pièce, on le regarde normalement; mais si c'est une femme, on la regarde de haut en bas et de bas en haut...".  Et, d'une manière sincère, mais totalement naïve, elle disait un peu plus tard - pour bien montrer qu'elle ne renonçait pas pour autant à sa féminité: "Si un homme m'invite à dîner, il a intérêt à payer le restaurant, sinon, il ne me reverra plus!"

Imputons cela à une maladresse personnelle de cette dame; mais, en même temps, elle en disait long sur le mélange qui peut se faire encore dans l'esprit de certaines femmes entre le harceleur... et le prince charmant!

Personnellement - et très solennellement -, je dis que nous sommes sur une pente dangereuse.

Il va falloir désormais tout surveiller: non seulement les machos, mais aussi  les allumeuses, les "beaux gosses", les "bombes sexuelles", les rugbymen qui posent nus pour des calendriers, etc., etc.

Et surtout, je propose d'inscrire dans le Code pénal un nouveau délit: le "harcèlement visuel"!

Car, hier, c'était encore un plaisir - et, de plus, gratuit! - que de regarder, dans la rue, une jolie fille, une belle femme ou un bel homme (selon ses penchants).

Bientôt, si l'on n'y fait pas attention, un simple regard pourra être sanctionné - de même que le voyeurisme maximum, consistant à être tranquillement installé à la terrasse d'un café et à regarder passer les gens.

Je suggère qu'il y ait dorénavant un flic devant chaque terrasse, et qu'une femme puisse dire: "Monsieur l'agent, cet homme m'a regardée d'une drôle de manière"!

Bon, j'ironise, mais nous allons tout droit dans le mur!

D'ailleurs, je soupçonne ce débat d'être typiquement judéo-chrétien, dans des sociétés occidentales où le corps est à la fois glorifié - dans la publicité, etc. - et honteux.

Je ne suis pas sûr que de tels débats aient lieu dans des sociétés africaines, par exemple, où le corps est vraiment une partie intégrante de la personne humaine, sans honte et sans artifices.

Donc, mesdames les féministes, attention!

Défendons les droits authentiques de la femme, mais évitons d'aller vers des sociétés d'ayatollahs, où tout est interdit - y compris la musique, liée au plaisir et à la sensualité.

Cela dit, je suis d'accord avec les féministes sur plusieurs points: dans Libération, la jeune Clémentine AUTAIN, "militante féministe et antilibérale" déclare avoir connu, dans le monde du travail, ce qu'elle appelle le "paternalisme lubrique".

Elle a tout à fait raison - et je parle en tant qu'homme: même si nous ne sommes pas misogynes et que nous respectons totalement les femmes, nous avons souvent tendance à les regarder de haut,  avec un petit sourire suffisant et satisfait.

C' est enfoncer une porte ouverte que de dire: l'homme, par nature, est un prédateur sexuel. Il ne faut pas feindre de le découvrir avec le cas STRAUSS-KAHN!

De même qu'il faut reconnaître que les rapports entre les êtres humains, quels qu'ils soient, sont souvent des rapports de force...

Et, puisque nous revenons à DSK, l'un des graves défauts de ces hommes politiques puissants est que, du fait de leur "importance sociale",  ils ne se rendent pas compte de l'image qu'ils ont auprès de femmes plus jeunes: un homme de 60 ans qui se conduit mal, c'est "un vieux dégueulasse, gros et moche"!

Enfin, les vraies tragédies qu'il  faut combattre sont celles des femmes battues par leur propre mari ou compagnon. Alors, là, oui, militons pour qu'elles aient le courage de porter plainte.

Mais aussi les petits machos de banlieue, qui contraignent des filles à leur faire une fellation, ou se mettent à plusieurs pour les violer.

Voilà de vrais crimes graves et intolérables, mais, malheureusement, pas toujours faciles à repérer et à sanctionner.

Pour conclure en un mot: sur ce chapitre du sexe et des relations hommes/femmes, soyons vigilants, appliquons les lois justement et sans excès, mais, surtout, ne tombons pas dans le ridicule, qui consisterait à tout surveiller et à tout réglementer.

Il y a des dictatures et des pays où cela est la règle.

On ne voudrait certainement pas y vivre!

Georges COHEN

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PHOTO = Libération: la "une" du mardi 31 mai 2011